Les minuscules mains de votre bébé ont tendance à taper sur tout ce qui l’entoure, vous y compris, et vous vous sentez démuni ? Pas de panique. La pédagogie Montessori propose des clés pour comprendre et gérer ces comportements agressifs. Découvrez comment répondre de manière positive et bienveillante pour aider votre enfant à diriger ses impulsions vers un comportement plus positif.
Est-ce normal que mon bébé tape ?
Il vous tape, tire les cheveux, mord ou griffe, toutefois ne vous inquiétez pas. Ce n’est ni un sauvage, ni une question de problème comportemental. Il entre tout simplement dans une phase de développement et c’est sa manière de s’exprimer et d’attirer l’attention.
Les jeunes parents ignorent encore tout du fabuleux potentiel d’un bambin. Comment imaginer que ce petit enfant soit capable de communiquer pour manifester ses émotions et ses besoins fondamentaux ?
Pourtant, le bébé dispose d’un vaste répertoire de communication. Celui-ci s’étend du sourire aux larmes, en passant parfois des gestes impulsifs tels un petit coup de pied ou de poing maladroit. Cette petite tape cache souvent une multitude de sentiments qu’il ignore encore comment exprimer autrement.
Pourquoi les bébés tapent ?

Il existe plusieurs causes qui mènent à cette réaction agressive.
1 – La frustration
Face à un besoin ou un désir inassouvi, l’insatisfaction peut conduire à agir de manière impulsive. Ne parvenant pas à verbaliser, l’enfant frappe pour manifester son mécontentement.
2 – Une expression émotionnelle
Taper est un moyen pour le bébé d’exprimer des émotions, qu’elles soient positives ou négatives. La joie, la colère, la peur peuvent ainsi se manifester par un coup. Il s’agit pour lui d’une façon de communiquer, encore maladroite, mais bien réelle.
3 – L’instinct de possession
Les jouets et les personnes deviennent des repères importants pour le bébé. Lorsqu’il sent son espace vital menacé, il peut réagir de manière agressive pour le défendre. Ce comportement est lié à l’instinct de possession qui se développe très tôt chez l’enfant.
4 – La jalousie fraternelle
L’arrivée d’un nouveau membre dans la famille peut bouleverser l’équilibre et générer de la jalousie chez l’aîné. Les coups peuvent alors devenir un moyen d’attirer l’attention et d’extérioriser sa colère.
5 – Un exutoire à l’énergie contenue
Le besoin de bouger est essentiel chez les jeunes enfants. Lorsqu’il n’a pas suffisamment d’occasions de se dépenser, le bébé peut exprimer son surplus de vitalité par des gestes brusques, car il est encore incapable de la canaliser.
6 – L’affirmation de soi
En grandissant, le bébé cherche à affirmer son individualité et à explorer son environnement. Par exemple, il peut considérer qu’un câlin dans les bras d’un de ses parents l’empêche de jouer en toute autonomie. Il va donc utiliser ses poings pour l’informer qu’il désire être tranquille.
7 – Tester les limites
En frappant, l’enfant pense, à tort, que ses parents céderont à ses exigences. S’opposer promptement à ce comportement, calmement et avec bienveillance, permet de lui faire comprendre que la brutalité n’est pas une solution.
8 – L’imitation
L’enfant apprend par imitation. S’il observe un comportement violent dans son entourage, il le reproduit en pensant que c’est approprié. Il est donc indispensable de s’assurer que l’enfant soit exposé à des modèles positifs.
Jusqu’à quel âge ce comportement est-il présent ?
Il n’existe pas d’âge précis auquel les comportements agressifs disparaissent systématiquement. Ces manifestations liées à des phases de développement spécifiques varient d’un enfant à l’autre.
Cependant, vers l’âge de trois ans, l’enfant acquiert un meilleur contrôle de ses émotions. Il est alors capable de développer des stratégies plus adaptées pour exprimer ses besoins.
Néanmoins, certains enfants continuent à manifester des comportements agressifs au-delà de cet âge. Cela découle de différents facteurs, à savoir :
- des difficultés émotionnelles, telles que des troubles comportementaux, de l’anxiété ou de la dépression ;
- un milieu familial nocif dans lequel surviennent des conflits, des violences conjugales ;
- un manque de limites claires posées à l’enfant ;
- des problèmes d’apprentissage à l’école menant à la frustration.
La colère et l’insatisfaction font partie de la vie de tous. Il est donc normal qu’un enfant les éprouve. Pourtant, il est primordial de lui apprendre à les extérioriser de manière non violente.
Quel comportement adopter quand bébé tape ?

Observer, comprendre, exprimer
Dans ce genre de situation, la méthode Montessori préconise de garder son calme et ne pas riposter avec violence ou en criant. Par ailleurs, minimiser les émotions de l’enfant ne fera qu’empirer la crise.
La première étape est celle de l’observation attentive. Que se passe-t-il dans sa tête ? Quel est le déclencheur de cet acte agressif ?
Reconnaître ce que l’enfant ressent et l’énoncer avec empathie en employant des mots simples, tout en le prenant dans les bras, l’aide à conscientiser ses émotions. Le pouvoir de la voix est phénoménal. Même si un nourrisson ne comprend pas encore le sens des mots, il n’est pas ridicule de lui dire que frapper fait mal et qu’il ne faut pas le faire. Au contraire, il saisit l’intention que la personne partage par l’intensité de sa voix, le rythme des phrases et la posture corporelle.
Éviter de riposter « œil pour œil, dent pour dent »
Répondre à un geste brutal d’un enfant en le tapant à votre tour pour lui montrer que c’est douloureux n’est pas judicieux. Vous êtes son modèle, et en agissant ainsi, il reçoit un message confus : vous lui interdisez de taper, mais vous, vous le faites. Cela est bien contradictoire, n’est-ce pas ?
Juguler le désir d’attention exprimé par un coup
Lorsque l’enfant frappe une personne ou un animal en vous regardant dans les yeux, il se peut qu’il sollicite votre considération. Pour éviter de renforcer ce comportement, concentrez-vous sur la victime. Cela lui montrera que la violence n’est pas un moyen acceptable d’obtenir ce qu’il veut.
Bannir la punition
L’approche Montessori insiste sur l’abstention de punir. En effet, la punition est susceptible de nuire à la confiance en soi et à l’indépendance de l’enfant. Il est préférable de privilégier des solutions constructives, telles que des activités créatives ou des techniques de relaxation pour aider à gérer l’énergie et les émotions de façon appropriée.
Quelles sont les solutions Montessori pour réduire ce comportement ?
La pédagogie innovante de Maria Montessori repose sur l’observation de l’enfant et l’accompagnement bienveillant de l’adulte. Cette méthode d’éducation, centrée sur l’autonomie, le respect du rythme de l’enfant et l’apprentissage par l’expérience, propose plusieurs outils pour apprendre à reconnaître et à gérer ses émotions autrement.
Aménager une chambre Montessori
Une chambre d’enfant aménagée selon la méthode Montessori correspond à un environnement sécurisant, bien rangé, harmonieux et adapté à la taille de l’enfant. Au sein de cet espace, il est libre d’utiliser des matériaux sensoriels, à son propre rythme, lesquels lui permettent de prendre conscience ses actions et ses émotions.
Maria Montessori a inventé une gamme de matériel didactique dédiée à des activités simples, néanmoins efficaces pour encourager l’éveil du nouveau-né et des bébés jusqu’à l’âge de deux ans. L’objectif principal est de favoriser l’autonomie, l’exploration sensorielle et le développement cognitif et moteur.
Il s’agit d’objets ou de jeux, élaborés dans des matériaux naturels comme le bois ou le tissu, adaptés aux capacités de l’enfant. Parmi ce matériel, citons les mobiles, le hochet, la balle de préhension, l’arche d’escalade, le panier de trésors, un jeu à marteler, la boîte de permanence d’objets.
Par l’utilisation du matériel, le tout-petit canalise son énergie, développe sa faculté de concentration, la coordination motrice et apprend à faire preuve de patience. Les frustrations qui peuvent mener à un comportement agressif sont ainsi mieux maîtrisées.
Fixer des limites claires
La méthode Montessori invite à établir des règles précises avec bienveillance et fermeté. En définissant clairement ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas, l’enfant appréhende une meilleure compréhension des conséquences naturelles de ses actes. Il développe alors son sens des limites, un comportement acceptable et ses compétences d’autorégulation et d’empathie.
Ce qu’il faut retenir
Pour conclure sur la gestion des comportements de bébé qui tape, l’approche Montessori procure des pistes intéressantes. Ces gestes sont souvent une expression d’émotions ou de besoins non verbalisés, et non un signe d’agressivité innée. Face à ces comportements, l’adulte doit privilégier l’observation, l’empathie et la verbalisation des émotions de l’enfant, en écartant toute punition ou réponse violente.
L’aménagement d’un environnement préparé, proposant l’accès libre à du matériel sensoriel Montessori, permet de canaliser la vitalité, de développer la concentration et la motricité, réduisant ainsi les frustrations. Fixer des limites claires et cohérentes, avec bienveillance et fermeté, contribue également à l’autorégulation et au développement de l’empathie. L’objectif est d’aider l’enfant à extérioriser ses émotions de manière constructive, et non de les réprimer.
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SOURCES
Livre
Mon enfant tape – Patricia Chalon (édition Eyrolles)