éducation positive exemples

5 exemples concrets d’éducation positive

L’éducation des enfants est une aventure extraordinaire, jalonnée de joie, de défi et d’apprentissages continus.

Parmi les approches éducatives qui ont le vent en poupe, l’éducation positive se distingue par sa bienveillance et son efficacité, s’opposant aux méthodes traditionnelles souvent punitives et autoritaires. Elle vise à tisser un cocon familial harmonieux et compréhensif, où les enfants s’épanouissent en se sentant aimés, valorisés et stimulés à atteindre leur plein potentiel.

Comment mettre en pratique l’éducation positive ? Voici un guide qui vous explique, à travers des exemples, les principes majeurs d’application de cette méthode éducative innovante.

Comment appliquer l’éducation positive (outils et comportement) ?

L’éducation positive repose sur cinq piliers fondamentaux :

  • une relation bienveillante et respectueuse ;
  • la communication positive et constructive ;
  • l’encouragement et la valorisation ;
  • l’autorité en douceur ;
  • l’autonomie et responsabilisation.

Créer un rapport parent-enfant empreint de bienveillance et de respect requiert un investissement en temps, en patience et en efforts constants. Voici quelques pistes pour la mise en pratique de l’éducation positive.

1 – Comprendre la psychologie de l’enfant

Pas évident de réagir à un comportement inapproprié d’un enfant, lorsque l’on peine à identifier la cause. Selon Jane Nelsen, une attitude émotionnelle négative est la conséquence de la fragilité d’une ou de plusieurs des sept perceptions et compétences de l’enfant, à savoir :

Les trois perceptions solides correspondant aux :

  • aptitudes personnelles (je peux le faire) ;
  • la place dans les échanges avec les proches (je contribue et on a besoin de moi) ;
  • la capacité à agir sur sa vie (je suis maître de ce qu’il m’arrive).

Les quatre compétences définies comme :

  • intrapersonnelles (j’identifie et je comprends mes émotions pour développer le contrôle de soi) ;
  • interpersonnelles (la communication et la relation avec autrui) ;
  • systémique (je réagis aux contraintes avec responsabilité, flexibilité et intégrité) ;
  • le jugement personnel (je fais preuve de sagesse et je suis capable d’évaluer les situations grâce à mon système de valeurs).

Un comportement inapproprié ne s’apparente donc pas à un caprice. Il appartient aux adultes de raisonner en termes de besoins et de stades de développement chez l’enfant.

Si l’enfant est assez mature pour exprimer la cause de son attitude, vous pouvez le questionner. À l’inverse, la reconnaissance et l’accompagnement de sa détresse, en lui disant : « quelque chose te dérange » ou « cela a dû t’effrayer, t’agacer, te rendre triste », aidera à le calmer.

2 – Pratiquer l’écoute active des besoins et la relation empathique

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Cette technique de communication prônée par le psychologue américain Carl Rogers tisse un lien fort avec l’enfant grâce à un espace d’expression libre et bienveillant. Elle consiste à écouter attentivement ses contrariétés, les reformuler pour s’assurer de leur compréhension et éviter les interprétations.

Ainsi, l’enfant évolue dans un environnement rassurant dans lequel il se sent écouté et compris. Il est alors capable de mieux cerner et développer ses pensées et ses émotions.

En outre, l’écoute active neutralise les sentiments négatifs, puisque l’enfant est libre de les exprimer sans ressentir de la culpabilité. En encourageant celui-ci à trouver une solution à son malaise, l’adulte le mène sur la voie de l’autonomie et de la responsabilité.

Enfin, un enfant écouté devient plus réceptif aux messages des parents, renforçant ainsi leur relation et sa propre capacité d’écoute envers autrui.

3 – Adopter la communication non-violente (CNV)

Préconisée par le psychologue américain Marshall Rosenberg, la CNV repose sur des principes clés, à savoir :

  • l’écoute active ;
  • l’expression constructive des émotions ;
  • l’absence de jugements négatifs ;
  • la recherche de solution mutuellement satisfaisante pour désamorcer un conflit.

En adoptant ces principes, les parents créent un cocon familial équilibré où les enfants se sentent écoutés, compris et respectés. Communiquer sans violence favorise le développement de l’empathie, de la responsabilité et de la résolution des conflits chez les enfants.

4 – Encourager et féliciter

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La communication positive produit un effet inestimable sur l’estime de soi, la motivation et la persévérance de l’enfant. Les petites victoires comme faire ses devoirs, ranger sa chambre, aider un camarade, méritent d’être remarquées et complimentées. Toutes réussites, petites ou grandes, doivent être célébrées avec joie et fierté.

Par exemple, au lieu de simplement dire « Bravo pour ton 20 en français », dites « Je suis fier.e de toi pour les efforts que tu as fournis en français. Tu as mis les bouchées doubles et cela se voit dans tes résultats ».

Le même principe s’applique aussi aux échecs et aux obstacles. Ne laissez pas le jeune se décourager. Au lieu de cela, aidez-le à identifier ses erreurs, à en tirer des leçons et à trouver des stratégies pour les surmonter.

Rappelez-lui que tout le monde commet des erreurs et que l’important est de ne pas abandonner. Formulez des phrases comme « Je sais que c’est difficile, mais je crois en toi. Continue à travailler et tu y arriveras ».

Vos paroles d’encouragement auront d’autant plus d’impact si elles sont sincères et enthousiastes, car un enfant sait reconnaître la fausse flatterie. Par ailleurs, un câlin, un bisou ou une tape sur l’épaule, peuvent parfois exprimer plus que des mots. Les gestes d’affection renforcent le lien parent-enfant et témoignent de votre amour et de votre soutien.

5 – Faire preuve d’autorité compréhensive

L’éducation positive n’est pas une éducation laxisme. Il est vrai qu’elle aboli le système récompense / punition de l’éducation traditionnelle. Cependant, vous devez apprendre à avoir une main de fer dans un gant de velours.

Il s’agit donc de mettre en place des directives et de les appliquer avec constance. Un cadre rassurant procuré par les limites imposées par les parents est indispensable pour l’équilibre de l’enfant. Quand votre attitude semble permissive, le jeune perd ses repères et son sentiment de sécurité disparaît.

Comment se faire obéir et respecter par l’enfant tout en restant bienveillant, mais ferme, sans administrer de punition, ni hausser le ton ? Comprenez qu’en infligeant des ordres à un enfant, son ressenti le place en situation désagréable. En conséquence, il voudra absolument éviter cette sensation négative et transgresser l’interdit.

Tandis que si vous formulez une consigne en expliquant la raison pour son bien-être et sa sécurité, alors vous l’installez dans un esprit coopératif.

Si vous affectionnez les activités manuelles, composez une pancarte indiquant les consignes de la maison représentées par des pictogrammes. Pour les rappeler à l’enfant, montrez-lui juste l’image.

Imaginons que vous établissez les cinq règles suivantes, les pictogrammes seraient :

  • je range mes jouets → pictogramme de jouets dans une caisse ;
  • je mange assis → pictogramme d’un enfant assis sur une chaise ;
  • je ne saute pas sur mon lit → pictogramme d’un enfant assis sur un lit ;
  • je partage → pictogramme d’une main qui tend un objet à une autre main ;
  • je respecte les autres → pictogramme de plusieurs personnes avec un cœur.

6 – Remplir la jauge d’amour et octroyer du temps de qualité

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Les enfants ont un désir fondamental d’amour et de sécurité pour s’épanouir. Quand il est en manque de contact physique et d’attention, il peut manifester des comportements excessifs comme des caprices ou des colères.

Ce remplissage de la jauge d’amour s’effectue grâce à la communication verbale et non verbale, à user sans modération.

  • Les boosters verbaux : « je t’aime », « tu es mon rayon de soleil », « quel bonheur de passer du temps avec toi », « ton dessin est magnifique, j’adore les couleurs que tu as choisies », etc.
  • Les boosters non verbaux : sourire, bisou, câlin, applaudissement, pouce en l’air, chatouilles, etc.

Mais, la preuve d’amour la plus redoutable de toutes, c’est d’accorder à votre enfant toute votre attention lors de moments partagés. Quelques minutes suffisent, à condition d’être pleinement présent. Lecture d’une histoire, jeu, préparation d’un gâteau… Ces moments partagés nourrissent son bonheur et son épanouissement.

Trois exemples d’éducation positive pour les enfants

Cas 1 – Émilie tire les cheveux de sa petite sœur

Éducation traditionnelleÉducation positive
Émilie est grondée, voire punieÉmilie est incitée à réparer sa bêtise. Maman lui explique que son geste a causé de la douleur et de la peine à sa sœur. Elle lui demande de s’excuser en lui faisant un dessin ou en lui préparant son goûter.

Dans ce cas de figure, le parent permet à l’enfant de réparer sa bêtise plutôt que punir. Ainsi, la réparation met l’accent sur le comportement acceptable. L’enfant comprend son erreur, la corrige par la réparation qui lui permet de ne pas culpabiliser et se sentir mieux.

Cas 2 : Damien renverse son verre de jus d’orange

Éducation traditionnelleÉducation positive
Papa s’énerve : « tu es vraiment maladroit, tu dois faire plus attention. En plus, tu t’es tâché ! File dans ta chambre pour te changer »Papa est calme : « Oups, ton jus d’orange est renversé sur la table. Ce n’est pas grave, même moi, il m’arrive parfois de renverser un verre. Que faut-il faire maintenant ? ». Si l’enfant sait qu’il faut prendre une éponge et nettoyer, laissez-le faire (vive l’autonomie !). Si c’est la première fois que cela arrive, dites-lui : « on va prendre une éponge et nettoyer. Je te propose que l’on nettoie ensemble, ainsi la prochaine fois, tu sauras le faire tout seul. »

Dans cette situation, on évite de rabaisser l’enfant et de lui coller une étiquette. Certes, il a été maladroit et renverser son verre peut vous agacer. En conservant votre calme et en dédramatisant le dégât, vous évitez de nuire à son estime de soi et de renforcer un mauvais comportement. Il est toujours préférable de décrire la situation sans jugement, ni accusation.

Cas 3 : Agathe refuse d’aller prendre son bain, crie et se roule par terre

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Maman lui crie après : « tu es insupportable, j’en ai assez de tes crises. Va te calmer dans la chambre. »Maman prend trois grandes respirations pour éviter d’exploser et dit calmement : « tu as eu une dure journée. Tu peux m’expliquer pourquoi tu ne veux pas prendre ton bain ? Es-tu fatiguée ? La journée à l’école ne s’est pas bien passée ? Un camarade t’a embêté ?

Quand un enfant fait une crise, le stress en est souvent la cause et son cerveau disjoncte. Il est préférable d’apprendre à l’enfant à se calmer plutôt que chercher à le calmer. Pour cela, accueillez son émotion en reconnaissant son stress (tu as eu une dure journée). Posez-lui des questions pour l’aider à exprimer son malaise, employez l’écoute active et rassurez-le.

Deux exemples d’éducation positive pour les adolescents

Cas 1 : Lucas reçoit une Nintendo switch pour son treizième anniversaire. Ses parents imposent des directives d’utilisation.

Éducation traditionnelleÉducation positive
directive énoncée et imposée de manière non négociable : « pas plus de deux heures de jeu et toujours après avoir terminé les devoirs. »directive énoncée avec possibilité de négociation entre adulte et ado :
« avant d’utiliser ta Switch, nous souhaitons fixer deux consignes. Plusieurs études ont démontré qu’une trop grande utilisation d’écran est néfaste pour la santé mentale et physique. Nous sommes donc anxieux à l’idée que tu passes plus de deux heures par jour à jouer. Alors nous te faisons confiance pour que tu ne dépasses pas ce temps de jeu. En outre, nous sommes inquiets quant à l’usage de cette console et tes résultats scolaires qui sont jusqu’à présent excellents. Nous aimerions que tu ne délaisses pas tes devoirs pour passer ton temps à jouer. Promets-nous d’en faire usage après avoir terminé tes devoirs. As-tu bien compris ces instructions ? Es-tu d’accord pour les respecter ? Bien entendu, si tu maintiens ton excellent niveau scolaire, que l’usage de la Switch n’affecte pas ta santé, nous pourrons les réviser en fonction de tes besoins. »

Recourir à un accord dans le respect mutuel de chacun, qui se construit sur le dialogue, engage l’adolescent à le respecter. Quand les parents exposent leur vulnérabilité, leur crainte et leur attente, les tenants et les aboutissants sont explicitement exposés. Une relation de confiance s’établit et en la respectant, l’adolescent se sent en droit de demander une révision des consignes à l’avenir.

Cas 2 : Lou réclame une revalorisation de son argent de poche prétextant que ses copines en reçoivent plus qu’elle.

Éducation traditionnelleÉducation positive
« Tu crois que l’argent tombe du ciel, peut-être ? Tu reçois déjà une somme conséquente pour couvrir tes dépenses. Si tu ranges ta chambre au quotidien, nous songerons à élever le montant. »« Tu as déjà X euros pour couvrir les dépenses pour (énumérer les dépenses). Quelle est ta proposition de montant ? Et, pour quel type de dépenses as-tu besoin de plus d’argent de poche ? Voilà ce que je te propose. Ton père lave sa voiture chaque semaine et cela lui coûte 30 €. Si tu t’en charges, alors les 30 € te reviennent. Qu’en penses-tu ?

Dans cet exemple, vous responsabilisez l’ado sur la valeur de l’argent, la gestion d’un budget et la notion du travail contre salaire. L’écoute active et le dialogue pour trouver une solution fonctionne mieux que l’injonction de ranger sa chambre qui lui fera ressentir une frustration et un ressentiment à votre égard.

En guise de conclusion, si vous souhaitez approfondir la méthode de l’éducation positive, voici quelques ouvrages et podcasts à découvrir.

  • Le magazine Innovation en éducation ;
  • Le pack de conférences du congrès innovation en éducation et du festival pour l’école de la vie ;
  • J’ai tout essayé ! Opposition, pleurs et crises de rages : traverser la période de 1 à 5 ans (Isabelle Filliozat) ;
  • Parents efficaces : les règles d’or de la communication entre parents et enfants (Thomas Gordon) ;
  • La discipline positive (Jane Nelsen) ;
  • La discipline positive pour les adolescents (Jane Nelsen) ;
  • Le podcast sur la parentalité et l’éducation (Innovation en éducation).