les dangers de l'éducation positive

L’éducation positive représente-t-elle un danger ?

L’éducation positive, avec ses principes de bienveillance et d’encouragement, est largement plébiscitée au sein des familles. Pourtant, cette pédagogie différente et non violente soulève aussi des questions. Est-elle une menace pour l’équilibre familial ?

L’absence de discipline pourrait-elle fragiliser les repères essentiels qui s’acquièrent durant l’enfance et transformer l’enfant roi en adulte tyran ? Nous vous transmettons notre point de vue sur le sujet au fil de cet article.

Éducation positive : comment la définir ?

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Depuis la convention internationale des droits de l’enfant, adoptée en novembre 1989, ce modèle éducatif de parentalité bienveillante est en pleine expansion en France.

Selon la définition du Conseil de l’Europe, « l’éducation positive, c’est un comportement qui vise à élever l’enfant et à le responsabiliser, qui est non violent et qui lui fournit reconnaissance et assistance en établissant un ensemble de repères favorisant son plein développement. »

Dans cette définition, les termes « responsabiliser », « non violent », « reconnaissance », « assistance », et « ensemble de repères » représentent les fils conducteurs de cette pédagogie.

Néanmoins, l’approche empathique, respectueuse et encourageante, sans violence, ni humiliation physique ou psychologique, ne suffit pas. Pour le bien-être et l’évolution optimale de l’enfant, les parents doivent inclure la transmission des valeurs, imposer des règles, et savoir dire « non » sans culpabiliser.

Opter pour l’éducation positive ne signifie pas grandir dans un monde de Bisounours. Lorsque les adultes visent le (mauvais) exemple du parent parfait, avec l’enfant parfait, dans un monde parfait, alors la dérive de l’éducation (non) positive commence.

Quelles sont les critiques contre l’éducation positive ?

Basée sur le respect et l’encouragement de l’enfant, cette méthode d’apprentissage sans fessée, ni punition, convainc de plus en plus d’adeptes. Cependant, elle n’est pas exempte d’attaques.

Absence de discipline et de limites

Certains redoutent que mettre l’accent sur la tolérance et la communication ouverte conduise à un manque de structure et de limites formelles pour le petit. Cela pourrait occasionner des comportements capricieux, des crises et une difficulté à gérer la frustration.

Hyperparentalité

La recherche absolue du bien-être de l’enfant, l’implication démesurée dans son éducation transforme l’adulte en hyper-parent, catégorisé par trois étiquettes, à savoir :

  • le parent hélicoptère : super-protecteur, il cherche en permanence à savoir ce que fait l’enfant, qui il fréquente, tout en désirant le rendre autonome ;
  • le parent drone : celui qui veut le meilleur, autant sur le plan éducatif qu’évolutif, pour son enfant ;
  • le parent curling : celui qui balaye tous les obstacles sur la trajectoire de son enfant.

À vouloir créer à tout prix un environnement propice à la réussite, dans lequel l’enfant grandit avec sérénité les hyper-parents risquent de l’étouffer et de brimer ses aspirations.

Culpabilité parentale

La consigne d’éviter de crier, de garder son calme et de rester cool en toute situation peut culpabiliser l’adulte. Il se sent alors dépassé par les émotions de l’enfant. Il est important de rappeler que les parents ont aussi le droit de ressentir des émotions négatives et d’exprimer leur colère de manière saine.

Refus des émotions négatives

Le parent drone qui tolère uniquement les émotions positives, se place dans le déni de la réalité des émotions négatives. Cependant, la tristesse, la colère, le dégoût et la peur sont des sentiments naturels qui doivent être exprimés et encadrés avec bienveillance.

Vision idyllique du monde

L’enfant n’est pas préparé à la réalité du monde dans laquelle il sera confronté à l’âge adulte.

Il est important de noter que ces critiques ne remettent pas en cause la globalité des principes de cet apprentissage positif. De nombreux aspects restent pertinents et bénéfiques pour grandir tout en s’épanouissant.

Existe-t-il des conséquences négatives découlant d’une éducation positive ?

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Cette pédagogie, considérée trop tolérante par certains réfractaires, soulève des inquiétudes relatives à l’épanouissement de l’enfant et ses relations sociales.

Selon les détracteurs, l’absence totale de punition pourrait rendre les jeunes indisciplinés, qui se retrouvent démunis devant les contraintes de la vie et incapables d’assumer les répercussions de leurs actes. Par ailleurs, éduquer sans punir, ni restriction imposée par le respect d’autrui et la vie en société, nuirait à l’instruction des règles et du respect de l’autorité.

La grande difficulté pour les parents réside dans la confusion entre éducation positive et une quête illusoire de bonheur et de réussite absolue. En cherchant à éliminer toute frustration, ils risquent de déconnecter le jeune de la réalité.

Ne pas appliquer de cadre et de repères peut faire ressentir à l’enfant l’impression d’être délaissé. Cela lui cause une réelle souffrance, laquelle le rend vulnérable et anxieux face à une société perçue comme menaçante.

Est-ce que l’éducation positive peut rendre les enfants incapables de se défendre ?

Dans un article de 20 minutes sur l’éducation positive, la psychothérapeute Isabelle Filliozat rapporte : « Il semblerait que les enfants élevés de cette manière aient davantage de risque d’être harcelés à l’école. » Cette hypothèse s’établit sur l’idée qu’ils ne sauraient pas se défendre ni riposter face aux attaquants.

Cependant, cette assertion mérite d’être nuancée. L’éducation positive vise avant tout à développer la confiance et une image positive de soi chez l’enfant. Bien dans sa peau, serein et conscient de ses forces, ce dernier n’est généralement pas une cible privilégiée pour les harceleurs.

En outre, l’éducation positive encourage l’empathie et la compréhension des autres. De ce fait, l’enfant sera plus à même de comprendre qu’un camarade agressif est souvent lui-même en souffrance. Cela ne fait pas de lui une mauviette, mais plutôt une personne sensible et compatissante.

Rappelons également que chaque enfant est unique et que sa réaction face à une agression dépend de sa personnalité et de son vécu. L’éducation positive, lorsqu’elle est appliquée de manière réfléchie et personnalisée, peut apporter les ressources nécessaires pour répondre aux situations difficiles, y compris le harcèlement.

En somme, il semble erroné de penser que l’éducation positive rend les enfants plus faibles. Au contraire, elle peut leur livrer les clés pour se construire une personnalité forte et résiliente, capable de régler les conflits avec compassion et intelligence.

Quelles sont les qualités d’un enfant avec une éducation positive ?

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Les principes de ce modèle éducatif reposent sur la communication non violente, l’écoute active et la considération des besoins de l’enfant et des parents. Favoriser des contextes bienveillants, encadrés par des préceptes et des valeurs éducatives parentales, stimule l’essor de certaines qualités.

  • Confiance et estime de soi : l’enfant reconnaît ses forces et accepte ses faiblesses. Il ose prendre des risques, s’exprimer librement et assumer ses choix.
  • Autonomie et responsabilité : en développant ses besoins physiologiques sans contraintes, il est capable de prendre des initiatives et de s’assumer.
  • Empathie et altruisme : il reproduit le climat chaleureux dans lequel il grandit. À l’écoute des besoins et des sentiments d’autrui, il développe ainsi des relations sociales équilibrées.
  • Capacité d’adaptation et de résilience : l’enfant apprend à s’adapter aux changements et à surmonter les obstacles. Il est apte à accepter les échecs et à rebondir, ainsi qu’apprendre de ses erreurs.
  • Esprit critique et créativité : le développement de sa curiosité et la liberté d’exploration le façonnent en une personne créative.
  • Aisance communicative : la liberté d’expression durant son éducation lui permet de présenter des idées et d’exprimer ses sentiments de manière assertive. De plus, il sait écouter et résoudre les désaccords de façon constructive.

Qu’en est-il des jeunes adultes (adolescents) ?

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L’adolescence représente une étape charnière de la construction identitaire, marquée par de profonds bouleversements physiques, psychologiques et émotionnels. Face à ces changements, l’éducation positive peut s’avérer un outil précieux pour accompagner les adolescents dans leur développement.

Amour et communication bienveillante

L’adolescent a besoin de se sentir respecté et écouté, même dans les moments de discorde. Le dialogue ouvert et compréhensif maintient une connexion essentielle et favorise la confiance.

Encouragement et valorisation

Reconnaître les efforts et les réussites de l’adolescent, même modestes, renforce son estime de soi et l’engage dans la persévérance. L’accent doit être mis sur ses compétences et ses progrès plutôt que sur la comparaison avec les autres.

Responsabilisation progressive

Impliquer l’adolescent dans les décisions familiales et lui confier des responsabilités croissantes lui permet de développer l’autodiscipline, d’acquérir le sens de la contribution et de la coopération.

Limites explicites et discipline rassurante

Le manque de discipline et de cadre peut être source d’angoisse pour l’adolescent. Expliquer, avec bienveillance, des règles claires et cohérentes l’aide à se retrouver et à enrichir son sens du discernement.

Que pensent les psychanalystes de l’éducation positive ?

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Leurs avis divergent entre regards positifs et critiques

Certains psychanalystes, psychologues ou pédiatres tels que Catherine Gueguen, auteure du livre « Pour une enfance heureuse », saluent les apports de l’éducation positive sur le développement psychique de l’enfant.

Toutefois, des experts comme Didier Pleux ou Caroline Goldman émettent des réserves quant à l’absence totale de sanctions et de cadre dans cette méthode éducative. Selon la docteure en psychologie Caroline Goldman, l’un des trois piliers de l’éducation positive, celui du besoin de limites, s’est perdu en route.

Selon elle, l’éducation positive, mal interprétée, conduit à une explosion des troubles du comportement chez les enfants et les adolescents. Les parents, dépassés par cette liberté sans limitation, ne savent plus comment imposer une discipline à leurs enfants.

Goldman fustige surtout la notion qu’il serait violent de punir et d’infliger des règles aux enfants. Elle affirme que poser des limites est indispensable pour leur permettre de se repérer et de se construire harmonieusement.

La docteure en psychologie reconnaît que les enfants possèdent des pulsions agressives, et insiste sur l’importance de leur apprendre à les gérer. Elle estime que les parents doivent faire preuve d’autorité quand cela est nécessaire, sans pour autant tomber dans l’autoritarisme.

Enfin, Goldman recommande plutôt l’utilisation du « time out », une technique qui consiste à isoler l’enfant pendant un court laps de temps lorsqu’il se comporte mal. Une alternative aux punitions physiques, comme la fessée, qu’elle juge inefficaces et contre-productives.

Ses propos ont suscité des diatribes de la part de certains partisans de l’éducation positive, qui l’accusent de vouloir « écraser la subjectivité » des enfants. Goldman assume ses convictions et déclare que les enfants ont tendance à mieux respecter les parents qui savent faire preuve d’autorité.

Finalement, faut-il bannir l’éducation positive ?

Malgré certaines objections envers l’éducation positive, il serait absurde de rejeter en bloc cette approche éducative. En effet, elle procure des bénéfices indéniables aux enfants, tels que le développement de l’empathie, de la confiance en soi et de l’esprit de coopération.

L’enjeu est de parvenir à un juste milieu entre l’éducation positive et l’éducation parentale autoritaire. La solution serait alors une approche éducative bienveillante et encadrée. Ainsi, les enfants s’épanouissent tout en respectant les règles de la vie en société, pour devenir des adultes responsables et autonomes.