Vous souhaitez sortir des sentiers battus de l’éducation conventionnelle rigide et standardisée pour que votre enfant développe son plein potentiel. Toutefois, parmi les multiples courants d’éducation alternative, il peut être compliqué de s’y retrouver pour prendre une décision.
Nous vous proposons un tour d’horizon des sept sciences de l’éducation novatrices qui placent l’épanouissement et l’autonomie de l’enfant au premier plan.
Qu’est-ce que l’éducation alternative ?
L’éducation alternative désigne les approches pédagogiques qui se distinguent du système éducatif traditionnel. Caractérisée par une vision holistique de l’apprentissage centrée sur l’enfant, elle favorise son épanouissement personnel.
Cette approche éducative encourage l’autonomie, l’apprentissage actif, l’exploration, la créativité et la coopération entre élèves, plutôt que la compétition. Elle vise à respecter le rythme et les besoins individuels de chacun, à éveiller la curiosité naturelle et à développer les passions.
En outre, la relation d’autorité entre adulte et enfant est abolie. L’adulte se présente plutôt comme un mentor de l’instruction et du développement des compétences.
Cette méthode d’enseignement ne se résume pas à une simple alternative à l’éducation conformiste. Elle s’érige en une véritable philosophie didactique qui prépare les enfants à devenir des citoyens éclairés et responsables dans une société en constante évolution.
L’éducation alternative ne cesse de gagner en popularité. Les parents la perçoivent comme un apprentissage personnalisé, bienveillant et respectueux du cycle de développement de l’enfant.
Chaque mouvement de l’éducation alternative possède ses propres principes. Il est donc essentiel de les comprendre pour sélectionner la pédagogie qui s’accommode à la plénitude de l’enfant et à la philosophie des parents.
La pédagogie Montessori
L’éducation alternative de Maria Montessori est certainement la plus renommée.
Fondée sur une démarche scientifique de l’apprentissage auprès d’enfants porteurs de handicap et d’enfants défavorisés, elle repose sur trois piliers :
- la posture d’enseignement de l’éducateur et des parents ;
- une ambiance adaptée à l’éducation pour le développement naturel ;
- un matériel pédagogique particulier.
La méthode éducative Montessori définit quatre phases de développement de l’enfant.
- La phase de la conscience du moi (l’esprit absorbant de 0 à 6 ans) durant laquelle l’enfant désire s’engager dans l’apprentissage de l’autonomie.
- La phase morale(l’esprit apprenant de 6 à 12 ans) durant laquelle l’enfant développe sa créativité et son imaginaire, mais également le sens de la moralité et de la justice.
- La phase de l’indépendance sociale(l’esprit apprenant de 12 à 18 ans) durant laquelle l’enfant goûte à la vie associative et construit sa personnalité.
- La phase de la maturité (18 à 24 ans) durant laquelle il développe son indépendance spirituelle, émotionnelle et morale.
Les bases fondamentales de la pédagogie Montessori pour l’épanouissement naturel de l’enfant
L’enfant, maître de son apprentissage
La méthode Montessori place l’enfant au cœur de son développement. Celui-ci guide son processus apprentissage, avançant à son propre rythme et en fonction de ses désirs et de ses besoins. L’adulte agit comme un guide bienveillant, encourageant l’autonomie et l’exploration.
Respecter les rythmes individuels
La pédagogie Montessori reconnaît et valorise les différences en s’adaptant aux périodes sensibles de développement de chaque enfant. Qu’il s’agisse du langage, de la motricité ou de l’éveil des sens, l’enfant est libre de suivre ses propres inclinations.
Apprendre en expérimentant
« Faire » est au cœur de la pédagogie Montessori. L’enfant apprend par l’expérimentation, en manipulant, en observant et en recommençant. C’est en pratiquant qu’il intègre les notions et développe ses compétences, favorisant ainsi une meilleure mémorisation.
L’autonomie au service de l’épanouissement
L’enfant est encouragé à faire ses propres choix. Il sélectionne les activités qui l’attirent, les objets et les jouets qu’il souhaite utiliser. L’adulte veille à la sécurité et au bien-être du groupe, tout en laissant les enfants libres de leurs décisions.
Une ambiance propice à l’épanouissement
Le cadre d’apprentissage doit être propice à la concentration et l’épanouissement de l’enfant. Il se caractérise par la simplicité, l’ordre, la convivialité et la sérénité. L’espace d’enseignement est spacieux et le mobilier est adapté à l’autonomie des élèves, leur permettant de se déplacer et d’agir librement.
En outre, le matériel pédagogique Montessori incite les enfants à se lever, se déplacer et à manipuler. Des allers-retours entre les étagères et les tables rythment leur exploration et favorisent la mémorisation. Lorsque cela est possible, l’accès à un jardin procure aux enfants un espace pour se dépenser, observer et découvrir la nature.
La pédagogie Freinet
Fondée par le pédagogue Célestin Freinet, cette méthode d’apprentissage accompagne l’enfant à dévoiler le meilleur de lui-même.
Sa pédagogie repose sur un cheminement d’apprentissage naturel en opposition à l’éducation conventionnelle où l’enseignement est dicté par un programme spécifique et un rythme scolaire. L’enfant devient alors acteur de son développement personnel en suivant sa propre voie.
Les quatre piliers de la pédagogie Freinet
1 – L’expression libre : libérer le potentiel et la créativité de chaque enfant
La pédagogie Freinet encourage l’expression libre sous toutes ses formes : dessin, écriture, sculpture, expression orale, etc. dans un environnement de travail qui stimule la création.
2 – Le tâtonnement expérimental : apprendre par l’expérience et l’erreur
Le tâtonnement, l’essai et l’erreur font partie intégrante du processus d’apprentissage, permettant aux élèves de construire leurs propres savoirs et de développer leur esprit critique. Des ateliers variés, tels que la peinture, le bricolage ou les expériences scientifiques, favorisent cet apprentissage concret et stimulant.
3 – La vie coopérative : vivre et apprendre ensemble dans un esprit d’entraide
La classe devient un véritable espace de démocratie où les responsabilités sont partagées et les règles de vie élaborées collectivement. Un conseil de classe hebdomadaire est instauré pendant lequel les enfants discutent des projets selon un ordre du jour. L’enseignant, quant à lui, joue un rôle d’accompagnateur et de guide, encourageant l’autonomie et la prise d’initiative.
4 – La communication : libérer le potentiel et la créativité de l’enfant
Que ce soit à travers la correspondance scolaire, le journal de classe ou des présentations orales, les élèves apprennent à communiquer et à défendre leurs idées, tout en développant leur confiance en eux.
La pédagogie Steiner-Waldorf
L’approche pédagogique Steiner s’appuie sur l’apprentissage de soi et de son l’environnement. Apprendre avec le cerveau, les mains et le cœur, telle est la philosophie Steiner-Waldorf.
Dans le monde, environ une centaine d’écoles Steiner sont en activité, dont une vingtaine se trouve en France. Ces établissements accueillent les enfants dès l’âge de deux ans et les accompagnent jusqu’à l’obtention du baccalauréat.
Le tronc commun d’enseignement, soit le français, les mathématiques, les sciences, l’histoire-géo, les langues étrangères, est dispensé. À cela s’ajoute des activités manuelles comme le jardinage, le bricolage, la cuisine, ainsi que des activités artistiques. Ainsi, l’enfant développe ses talents et ses aptitudes cognitives.
Le projet pédagogique Steiner-Waldorf
La base de l’apprentissage repose sur un accompagnement individualisé selon les capacités de l’enfant. Il s’articule autour de trois grandes phases de sept années, chacune rythmant l’épanouissement de l’apprenant.
La petite enfance de 0 à 7 ans : l’éveil des sens et du monde
Avant de commencer l’apprentissage formel, l’enfant doit développer sa disposition à créer des images intérieures. Pour cela, le jeu libre, sans jouets préfabriqués, ainsi qu’une immersion dans la nature, sont essentiels. Cela stimule l’imagination, base la pensée créatrice, encourage l’autonomie, l’initiative et la concentration. Le jeu répond aussi au besoin de mouvement de l’enfant et participe à son développement dans sa globalité.
L’enfance de 7 à 14 ans : l’exploration de l’imagination et de la pensée
À 7 ans, l’enfant entre dans sa première classe et découvre l’apprentissage formel. Son éducateur le guide, à travers des histoires et des images vivantes, pour éveiller son intérêt pour le monde.
À partir de l’âge de 9 ans, l’enfant perçoit sa place dans le monde. Il s’interroge sur la vie et son identité. La pédagogie Steiner-Waldorf répond à ses attentes en lui faisant vivre des expériences concrètes et en lui enseignant les origines de l’humanité. Par le biais de ces expériences, il découvre la grammaire, les langues étrangères, les mathématiques.
Dès 12 ans, l’enfant est capable d’émettre des hypothèses et à déduire des conclusions. Les cours de sciences l’invitent à observer et à comprendre le monde qui l’entoure, développant ainsi sa pensée.
Lorsqu’il atteint 14 ans, l’enfant entre dans l’adolescence. Il ressent le besoin de penser, de sentir et d’agir, prêt à s’affirmer et à explorer le monde. Des sorties et des voyages en groupe seront alors au programme.
L’adolescence de 14 à 21 ans : l’affirmation de soi et l’ouverture au monde
De 14 à 15 ans, l’adolescent entre dans l’âge de la controverse. À la recherche de son individualité, il conteste l’autorité des adultes et admire ceux qui excellent dans leur domaine. Le professeur n’est plus une figure d’autorité absolue, mais un expert dont le savoir est valorisé.
De 16 à 17 ans, le voilà dans la phase de l’âge des idéaux. Il réfléchit sur le sens de sa vie et de ses aspirations personnelles. La pédagogie Steiner-Waldorf encourage alors la réalisation d’un chef-d’œuvre présenté à la communauté. Durant cette année, l’adolescent exprime sa personnalité et s’engage dans la communauté.
Enfin, l’âge de l’engagement, de 18 à 21 ans, procure à l’adolescent la faculté d’assumer ses responsabilités. Cela peut être par l’intermédiaire d’un stage dans un organisme culturel, social ou artistique.
Pour plus d’informations, retrouvez également nos articles sur l’éducation populaire ou encore sur les formations à la parentalité.
La pédagogie Decroly
Le principe de la méthode d’apprentissage du médecin neuropsychologue belge Ovide Decroly se résume ainsi : l’école s’adapte aux enfants.
Il fonde son école, à Bruxelles, au début du XXe siècle et participe activement à un mouvement international d’éducation nouvelle.
La pédagogie active Decroly accompagne l’enfant de la maternelle au collège (jusqu’à la classe de 3ᵉ). Celui-ci est accepté dans son intégralité, avec son histoire, ses différences, son rythme de développement, sa personnalité forgée sur son expérience et son vécu.
Pour Decroly, l’école se passe en salle de classe seulement les jours pluvieux. L’apprentissage se déroule de préférence dans un jardin, une cuisine, dans un champ, dans la rue ou dans un atelier. L’idée étant de s’immerger dans l’environnement.
Dans ces classes non conventionnelles, l’élève agit et construit son savoir sous les regards observateurs et bienveillants des enseignants qui le guident dans son cheminement.
La pédagogie Decroly définit quatre centres d’intérêt :
- s’alimenter ;
- se protéger contre les intempéries ;
- se défendre ;
- agir et travailler.
L’enseignement se structure autour de ces derniers, dans lesquels sont intégrées les disciplines scolaires (français, mathématiques, sciences, etc.). Decroly était convaincu que la nature et les animaux étaient la clé de l’éducation d’un enfant. Ainsi, les animaux sont omniprésents dans les locaux de l’école.
À l’école Decroly de Saint-Mandé, l’apprentissage s’effectue par groupe de travail dans lesquels se mélangent des enfants d’âge différents. Ils coopèrent sur un projet spécifique choisi ensemble pendant huit semaines, puis ils s’engagent ensuite dans un autre atelier.
Finalement, l’école Decroly c’est l’école de la vie qui forme des humains épanouis et responsables.
La pédagogie Reggio-Emilia
Cette approche d’apprentissage a été élaborée par l’enseignant Loris Malaguzzi, dans la ville italienne de Reggio-Emilia.
Les trois principes de la pédagogie Reggio-Emilia
- Le droit de l’enfant: être écouté, s’exprimer, participer et être intégré sans distinction.
- L’enfant dans sa globalité: ses capacités, son vécu, sa créativité et sa quête de sens.
- Les “cent langages” de l’enfant: privilégier l’expression par la voie artistique, les sensations, le langage corporel, les émotions, etc.
L’approche Reggio-Emilia ne se focalise pas sur les résultats scolaires, mais plutôt sur le cheminement de l’enfant. L’apprentissage se fait via l’art, la découverte et l’exploration, permettant à l’enfant de développer ses compétences en lecture, en mathématiques et en sciences de manière naturelle et ludique.
L’enfant est considéré comme capable d’entreprendre son propre apprentissage. L’adulte est présent pour le soutenir, l’observer et l’encourager à explorer ses talents et sa créativité. C’est un guide qui met à disposition un environnement riche et stimulant, et incite l’enfant à apprendre par l’expérimentation et l’erreur. La collaboration des parents est fondamentale ; ils sont impliqués dans la vie de l’école et participent aux projets éducatifs.
L’environnement d’apprentissage se présente comme un véritable « troisième enseignant ». Il s’agit d’un espace chaleureux, esthétique et regorgeant de ressources pour explorer, découvrir et apprendre. La nature est également un élément central de la pédagogie Reggio-Emilia, permettant à l’enfant de s’émerveiller et d’observer le monde qui l’entoure.
La pédagogie Pikler-Loczy
Élaborée par la pédiatre Emmi Pikler, cette approche pédagogique bienveillante met l’accent sur l’autonomie et le respect du rythme des nourrissons.
Dès la naissance, l’adulte est invité à tisser un lien unique avec le bébé, nourri d’attention, de respect et de tendresse. Chaque moment de soin devient une occasion privilégiée pour échanger et créer un lien indéfectible.
Le mouvement est considéré comme une source d’épanouissement. Le triangle d’escalade de la pédagogie Pikler permet aux tout-petits de ramper, grimper et sauter pour son développement moteur et sa confiance en soi.
On oublie les « fais pas ci, fais pas ça ». Le bambin doit se nourrir de ses propres expériences et apprendre de ses erreurs. C’est en étant acteur de son développement qu’il deviendra un individu indépendant et épanoui.
Pikler-Loczy, c’est bien plus qu’une pédagogie, c’est une philosophie de vie. En résumé, elle encourage :
- le développement moteur naturel : adieu les trotteurs et chariots de marche.
- le jeu autonome: les enfants apprennent en jouant dans un environnement riche et stimulant pour laisser libre cours à leur imagination.
- la confiance en soi: les initiatives de l’enfant sont encouragées et ses réussites sont valorisées.
- l’indépendance : ne jamais forcer le tout-petit à faire une activité qu’il n’est pas prêt à faire. Il faut le laisser prendre son temps et acquérir ses compétences à son rythme.
- la personnalité: chaque enfant est unique, il est essentiel de respecter ses différences et de l’accompagner dans son développement individuel.
L’approche éducative Arrowsmith
Développée par Barbara Arrowsmith Young, elle s’établit sur la stimulation des fonctions cognitives pour maximiser le potentiel de chaque enfant.
La méthode Arrowsmith est spécialement conçue pour répondre aux besoins des enfants et des adultes souffrant de trouble d’apprentissage, tel que le TDAH, la dyslexie ou la dyscalculie.
Le programme d’apprentissage se repose sur :
- un programme d’exercices individualisés et précis pour cibler les 19 compétences cognitives fondamentales ;
- un environnement d’apprentissage positif et structuré qui encourage l’autonomie et la persévérance ;
- un suivi attentif des avancées et des ajustements réguliers du programme pour assurer une efficacité optimale.
Vous voici au terme de notre tour d’horizon des éducations alternatives. Laquelle choisiriez-vous pour que votre enfant devienne un adulte responsable, épanoui et humaniste ?