
Je me suis occupé d’enfants une partie de ma jeunesse. Pourtant hors de question d’en avoir ! Ne serait-ce que l’idée de les déposer à l’école le matin me révulsait… Les imaginer enfermés, assis et privés de liberté était inimaginable. Au fil des expériences, j’ai cherché à comprendre le fonctionnement de l’enfant, de l’humain et le rôle de l’éducation. Je me suis rendu compte que si choisir une éducation positive n’est pas toujours une évidence, le travail d’introspection permet de changer sa façon d’éduquer.
Dans ma vingtaine, à chaque journée passé avec une de mes amies, j’étais triste. Du matin au soir, son enfant était rabaissé. Mon amie n’étais pas consciente de son attitude, certaine qu’ils étaient de bons parents : “Il a tout !”
Pourtant, cet enfant de 8 ans fait des bêtises. Il fait l’idiot à l’école, il a des capacités mais ne se concentre pas. Il se faire disputé car il n’a pas éteint la télé dans sa chambre, parce qu’il ne se dépêche pas pour se préparer. On lui fait remarquer qu’il a encore oublié un livre nécessaire pour réaliser l’exercice et qu’ à cause de lui il va falloir déranger un camarade pour aller emprunter le dit livre, etc.
À table, il se balance sur sa chaise et se voit visé d’un regard noir. Il baisse les yeux. Puis, on lui fait remarquer qu’il a fait tomber des aliments à côté de son assiette qu’il fait donc fait honte à sa maman. Il me regarde et j’aperçois des rougeurs de honte sous ses yeux. On lui dit que l’amie de sa maman va penser qu’elle l’éduque mal. Qu’il veuille bien arrêter de « se faire remarquer ». Il se met à rire, mais c’est un rire nerveux, il est à bout. Il ne sait plus ce qu’il doit faire et fait vraiment n’importe quoi. On lui fait remarquer qu’il n’y a pas de quoi rire ! S’il continue, il sera puni dans sa chambre et n’aura pas de dessert. Il pleure, quoi qu’il fasse à présent, il est humilié, rabaisser.
Après le repas lorsque ce fils unique veut me présenter son jeu et qu’il meurt d’envie de partager une partie, sa maman lui demande s’il ne voit pas qu’il m’embête, que je ne suis pas là pour ça, qu’il nous laisse discuter. J’accepte de jouer (car c’en est un peu trop pour moi), je sens sa maman un peu dérangée, elle ne comprend visiblement pas que je prenne plaisir à cela.
Elle me confie ne plus savoir comment faire avec lui, qu’elle a tout essayé et qu’elle aimerait tellement qu’il soit plus sage et respectueux pour qu’elle n’ait plus à crier… Je lui propose de lâcher-prise, d’arrêter d’être sur son dos et de ne plus jamais relevé aucun de ses « bêtises » ou « mauvais comportements » et à la place, de passer plus de temps avec lui et l’encourager. Sa réponse fut : je sais, mais je n’y arrive pas.
Il se trouve que mon amie a reçu une éducation dure et stricte, mais ne s’était pas interrogée sur le rôle de l’éducation.
À cette même période, alors que je travaille dans une crèche, je suis confrontée à une situation difficile. Le travail auprès des enfants n’est pas tel que je l’ai imaginé… L’organisation est rythmée par les arrivées et départs des enfants et des adultes, ainsi que des horaires des repas et des siestes. Mais la rigidité de l’accompagnement me heurte. Difficile pour moi de supporter que les enfants soient cassés dans leurs élans de progression. Pour moi, l’enfant vit dans l’imaginaire, il n’a pas encore relié tous les éléments du monde des adultes. Il évolue donc naturellement au fil de son inspiration.
Ainsi, prenons l’exemple de Tom. Il est en train de compléter un puzzle quand il entend des cris dans une pièce à côté. Intrigué et morceaux de puzzle en main, il se dirige dans cette direction et à la vue des enfants qui s’amusent avec des ballons, il lâche les morceaux de puzzle pour les rejoindre. Mais halte ! Il est stoppé dans son élan par un adulte qui lui rappelle qu’il a choisi une autre activité et qu’il pourra jouer plus tard au ballon. Sous l’insistance, on lui accorde à condition qu’il range le puzzle. Tom se dépêche, se fait disputer, car le couvercle ne ferme pas, il doit recommencer : « ne t’inquiète pas, le ballon ne va pas partir ! »
Quand il arrive enfin dans la pièce, les ballons ont été rangés et c’est l’heure de se laver les mains pour se préparer à un « temps calme »… Tom pleure, il voit les enfants heureux d’avoir joué au ballon, il est frustré, triste, et en veut aux adultes. Il ne veut pas écouter l’histoire ni se laver les mains « elles ne sont même pas sales ».
Le soir on dira à sa maman qu’il a été « mignon » le matin, mais qu’en fin de matinée, il n’a pas été « très agréable ». Si peu d’attention, d’observation, d’écoute et d’empathie envers l’enfant aurai suffi à épanouir sa journée…
Toujours curieuse de la relation enfant-adulte, je me donne pour mission de m’occuper seule d’enfants. Dont une petite fille de deux ans et demi. Le parc de jeux de la ville étant un lieu qu’elle apprécie, nous y allons. Elle semble très intéressée par le grand toboggan. Hum que faire, la logique me dirait de lui interdire en lui disant qu’elle est trop petite, mais une petite voix me dit, et alors ? J’ai peur qu’elle tombe, mais elle semble pourtant très sûre d’elle et ne voit que par ce jeu. Je choisis de la laisser expérimenter, lui rappelant que suis à côté pour l’aider au besoin.
Très fière, elle monte minutieusement marche après marche, concentrée sur chacune des étapes. Arrivée en haut, elle semble impressionnée par la hauteur, regarde autour d’elle, me regarde en souriant et me demande venir avec elle. Me voilà donc montée sur le toboggan et nous descendons ensemble. Quelle joie pour elle ! Nous recommençons plusieurs fois et le lendemain, elle veut faire seule. Fière d’avoir réussi, elle semble confiante et prête à essayer d’autres jeux, plus difficiles… 5 ans auparavant, je n’aurais jamais fait cela.
Mais j’ai dû prendre conscience des mécanismes éducatifs, vaincre ma peur et pratiquer une autre méthode que celle utilisée pour ma propre éducation. Preuve donc que quand on fait confiance à l’enfant, il nous fait grandir…
À l’âge de sept ans, au CP, je passe des heures seule devant les exercices de calculs que je semble incapable de réaliser. Les autres enfants jouent, mais je dois rester là jusqu’à terminer, je ne peux pas aller jouer. Pourtant mon mental ne peut fonctionner : perturbée par l’humiliation, la perte de confiance, le sentiment d’infériorité, la peur, la fatigue. Ce concept abstrait n’a pas provoqué d’intérêt à ce stade de mon développement ou bien la manière d’aborder cet apprentissage n’a pas fait écho…
La maîtresse affirme à mes parents que je serais nulle en math… Il se trouve pourtant que dès l’âge de 9 ans, je suis passionnée d’architecture et que passe des journées à imaginer des maisons et des villes et faire des plans à l’échelle ! mais mon niveau restera bas, malgré des cours particuliers. Et lorsque je souhaite m’orienter vers des études d’architecte, évidemment comme j’ai de mauvaises notes en math mon rêve s’écroule. Je suis bonne en anglais je n’ai qu’à devenir prof d’anglais. Mais à la fac, je la quitte rapidement avec une envie de liberté.
Dans mon parcours, l’angoisse ancrée de faire vivre à un enfant ce que j’avais moi-même vécu m’a conduite à vivre des relations de couple qui compromettaient naturellement tout projet de maternité : jeune homme immature, homme marié, déjà papa ou ultra préoccupé par sa carrière, etc.
Cela ne veut pas dire non plus qu’il faut tout régler avant d’avoir des enfants, mais il s’agit de comprendre que nous donnons à l’enfant ce que nous donnons à nous-mêmes. Choisir une éducation positive c’est avant tout considérer l’enfant comme notre égal et que l’on peut grandir a chacune de ses étapes si on change notre façon d’éduquer…
Ces quelques paragraphes se destinent à encourager les parents qui souhaitent donner une éducation positive à leurs enfants et qui trouvent cette approche complexe. Oui ce n’est pas comme suivre une recette de cuisine, mais les bienfaits impactent l’épanouissement des enfants, et ça vaut le coup !
Dans l’épisode 4 du module 1 Le parent parfait n’existe pas !, Charlotte Ducharme nous indique comment se libérer de sa propre histoire éducative !
Je me suis occupée d’enfants une partie de ma jeunesse. Pourtant hors de question d’en avoir ! Ne serait-ce que l’idée de les déposer à l’école le matin me révulsait… Les imaginer enfermés, assis et privés de liberté était inimaginable. Au fil des expériences, j’ai cherché à comprendre le fonctionnement de l’enfant, de l’humain et le rôle de l’éducation. Au fil des expériences, je me suis rendu compte que si de choisir une éducation positive n’est pas toujours une évidence, le travail d’introspection permet de changer sa façon d’éduquer.
À table, il se balance sur sa chaise et se voit visé d’un regard noir. Il baisse les yeux. On lui fait remarquer qu’il a fait tomber des aliments à côté de son assiette et qu’il fait honte à sa maman. Que son amie va penser qu’elle l’éduque mal. Qu’il veuille bien arrêter de « se faire remarquer ». Il se met à rire, mais c’est un rire nerveux, il est à bout. Il ne sait plus ce qu’il doit faire et fait vraiment n’importe quoi. Pourtant « il n’y a pas de quoi rire ! ». S’il continue, il sera puni dans sa chambre et n’aura pas de dessert. Il pleure, quoi qu’il fasse à présent, il est humilié, rabaissé.
À table, il se balance sur sa chaise et se voit visé d’un regard noir. Il baisse les yeux. Puis, on lui fait remarquer qu’il a fait tomber des aliments à côté de son assiette qu’il fait donc fait honte à sa maman. Il me regarde et j’aperçois des rougeurs de honte sous ses yeux. On lui dit que l’amie de sa maman va penser qu’elle l’éduque mal. Qu’il veuille bien arrêter de « se faire remarquer ». Il se met à rire, mais c’est un rire nerveux, il est à bout. Il ne sait plus ce qu’il doit faire et fait vraiment n’importe quoi. On lui fait remarquer qu’il n’y a pas de quoi rire ! S’il continue, il sera puni dans sa chambre et n’aura pas de dessert. Il pleure, quoi qu’il fasse à présent, il est humilié, rabaisser.
Après le repas lorsque ce fils unique veut me présenter son jeu et qu’il meurt d’envie de partager une partie, sa maman lui demande s’il ne voit pas qu’il m’embête, que je ne suis pas là pour ça, qu’il nous laisse discuter. J’accepte de jouer (car c’en est un peu trop pour moi), je sens sa maman un peu dérangée, elle ne comprend visiblement pas que je prenne plaisir à cela.
Elle me confie ne plus savoir comment faire avec lui, qu’elle a tout essayé et qu’elle aimerait tellement qu’il soit plus sage et respectueux pour qu’elle n’ait plus à crier… Je lui propose de lâcher-prise, d’arrêter d’être sur son dos et de ne plus jamais relevé aucun de ses « bêtises » ou « mauvais comportements » et à la place, de passer plus de temps avec lui et l’encourager. Sa réponse fut : je sais, mais je n’y arrive pas.
Il se trouve que mon amie a reçu une éducation dure et stricte, mais ne s’était pas interrogée sur le rôle de l’éducation.
À cette même période, alors que je travaille dans une crèche, je suis confrontée à une situation difficile. Le travail auprès des enfants n’est pas tel que je l’ai imaginé… L’organisation est rythmée par les arrivées et départs des enfants et des adultes, ainsi que des horaires des repas et des siestes. Mais la rigidité de l’accompagnement me heurte. Difficile pour moi de supporter que les enfants soient cassés dans leurs élans de progression. Pour moi, l’enfant vit dans l’imaginaire, il n’a pas encore relié tous les éléments du monde des adultes. Il évolue donc naturellement au fil de son inspiration.
Ainsi, prenons l’exemple de Tom. Il est en train de compléter un puzzle quand il entend des cris dans une pièce à côté. Intrigué et morceaux de puzzle en main, il se dirige dans cette direction et à la vue des enfants qui s’amusent avec des ballons, il lâche les morceaux de puzzle pour les rejoindre. Mais halte ! Il est stoppé dans son élan par un adulte qui lui rappelle qu’il a choisi une autre activité et qu’il pourra jouer plus tard au ballon. Sous l’insistance, on lui accorde à condition qu’il range le puzzle. Tom se dépêche, se fait disputer, car le couvercle ne ferme pas, il doit recommencer : « ne t’inquiète pas, le ballon ne va pas partir ! »
Quand il arrive enfin dans la pièce, les ballons ont été rangés et c’est l’heure de se laver les mains pour se préparer à un « temps calme »… Tom pleure, il voit les enfants heureux d’avoir joué au ballon, il est frustré, triste, et en veut aux adultes. Il ne veut pas écouter l’histoire ni se laver les mains « elles ne sont même pas sales ».
Le soir on dira à sa maman qu’il a été « mignon » le matin, mais qu’en fin de matinée, il n’a pas été « très agréable ». Si peu d’attention, d’observation, d’écoute et d’empathie envers l’enfant aurai suffi à épanouir sa journée…
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